”Hasard ou destin, la réponse n’est pas simple” – Joseph Kessel

Quelques kilomètres seulement séparaient le manoir de Portland et l’hôpital. Juliette avait roulé comme une malade sur la route, je m’accrochais du mieux que je pouvais en essayant de ne pas appuyer mon bras qui je pense est fracturé. Ma blessure n’était pas des plus jolies à voir mais je ne me plaignais pas en rapport avec la souffrance que Lisa pouvait endurer en ce moment et le fait que je devais la retrouver. Qu’il me mette un plâtre, qu’il m’immobilise, qu’importe ! Je veux voir ma cousine avant même qu’il me touche, j’ai enduré pire que ça. Jack avait été plus vite qu’une voiture sans aucun doute car je veillais dans la voiture si on ne les apercevait le long de route. Je n’avais aucune idée de l’heure, tard dans la nuit. Juliette me posait devant les grandes portes des urgences, une ambulance y était garée et je serrais des dents pour qu’aucun médecin voient que je souffrais. J’avais mis ma veste sur mon bras et entrait dans le service.

Les infirmiers s’activaient dans tous les sens, s’ils savaient le nombre de patient qu’ils vont recevoir dans peu de temps. Un grand nombre dont je me sentais un peu responsable, parfois le hasard fait des siennes et j’étais complètement effondré après ce qui était arrivé. Je regardais dans chaque chambre pour voir si Lisa se trouvait là en train de me sourire, avec Jack, tous les deux allant bien mais personne pour le moment. Je demandais aux infirmières, elles n’avaient pas le temps de me dire quoique ce soit, elles étaient aussi pressées que moi. Je m’arrêtais finalement à l’accueil où une femme me rédigea vers le service de réanimation. L’état de Lisa s’était sans doute aggravé, à cause de moi, je prenais sur moi et m’y rendais d’un pas décidé. S’il y avait un dieu auquel je croyais, il aurait eu en cet instant toutes mes prières.

Les couloirs, les portes, quelques bousculades, me voici dans le service en question. Je recommençais ma recherche active, où était-elle ? J’interrogeais chaque personne que je croisais, personne était dans la capacité de me dire où elle se trouvait, ils n’avaient pas le temps. Une infirmière me répondit qu’ils venaient de recevoir des patients. Son regard désolé et ses membres stressés renforçait ma culpabilité. Enfin une infirmière m’indiquait le numéro de la chambre, c’était une amie de Lisa. Je me rendais alors en courant malgré mon épaule qui me tirait dans la souffrance. Je montais les escaliers à grande vitesse, je n’avais pas le temps d’attendre un ascenseur. Me voilà devant la bonne porte, Jack était assis parmi les nombreux sièges devant de grandes portes battantes.

- Jack, comment va-t-elle ? Elle va s’en sortir ? Ils sont en train de l’opérer ? Ca fait longtemps que tu attends là ? Dans combien de temps elle sort ?

Finalement, je m’effondrais sur le rang de chaises de l’autre côté du couloir, juste en face de lui, je me sentais coupable et m’inquiétais, j’étais dans un état vraiment déprimé et tout me tirait vers le bas, si je me tenais encore là, les yeux ouverts c’étaient sans doute grâce à la caféine et aux nerfs. Je ne pouvais pas me calmer et regardait le moindre petit mouvement dans ce long couloir étrangement silencieux.

(c) fiche par ocean lounge

”Hasard ou destin, la réponse n’est pas simple” – Joseph Kessel

Je voyais bien que Jack était dans le même état que moi. J’étais là et j’attendais, je ne pouvais rien faire d’autre et pourtant je me sentais terriblement inutile, ici, assis sur ces chaises en pensant que Lisa était en train de se faire charcuter par des chirurgiens à quelques pièces seulement de nous. J’essayais de me maîtriser de garder mon calme, c’était un véritable défi pour moi. Mes blessures ouvertes causaient par l’accident de l’ambulance commençait à s’infectait et ça n’annonçait rien de bon. Mais je devais rester, pour Lisa, pour Jack et pour moi. Il s’inquiétait sans doute plus que moi, c’était sa femme alors que ce n’était que ma cousine mais je savais que dans le cas contraire Lisa serait là pour moi. Jack était d’un calme olympien qui m’énervait presque, comment pouvait-il resté là aussi statique, n’avait-il donc vraiment aucun sentiment ?

Je devrais avoir honte de moi pour qu’une telle idée me passe par la tête, je voulais que l’on se rapproche et c’est malheureusement par cet tragique accident que l’on en aura l’occasion, c’est quand même terrible quand on y pense, il demandait des nouvelles, je lui avais posé tout un tas de question et il se contentait de m’en posait une autre en retour, il était vraiment bouleversé, je me sentais mal et me mettais quelques temps à sa place, c’est terrible.

-  Oui, Juliette comprend tout à fait, . . . Qu’importe la fête, on en fera une autre avec beaucoup moins de monde mais qu’importe ! et Lisa . . . Elle va comment ?

(c) fiche par ocean lounge

”Hasard ou destin, la réponse n’est pas simple” – Joseph Kessel

Les quelques phrases qu’il prononçait suffisaient à me réconforter, j’étais encore pris de ce sentiment étrange, ce frisson d’horreur, le regard de Lisa blessée qui plonge dans le mien, ce bruit, l’hôpital, tout s’était passé tellement rapidement, j’étais un peu démunis face à cette situation. Alors que je détournais mon regard des portes battantes malgré qu’il m’adresse la parole, il s’aperçut que j’étais blessé. Il me donnait un comprimé, une pommade, mais d’où sortait il toutes ces choses ? Je ne savais pas si je devais lui faire confiance mais je souffrais tellement à ce moment là que je n’hésitais pas une seconde plus et avalait sans rechigner les comprimés qu’il m’avait donné avec tant d’amabilité. Je ne sais pas si ça pouvait être possible ou si ça venait de ces comprimés vraiment mais je sentais que ça me faisait quelques choses, que c’était efficace. Ma confiance envers lui commençait de grandir peu à peu mais son tempérament un peu lunatique m’effrayais un peu, un jour, il serait très calme concilient et un jour il vous jetterait dans un mur juste parce qu’il est un peu en colère, je m’y faisais malgré tout.

Enfin, un médecin franchit ces portes, sans doute était-il surpris de voir deux personnes qui attendaient, la plupart du temps il n’y a que le plus proche du patient. Il nous regardait alors tous les deux tour à tour et avec un air déconfit il faisait celui dont tout va bien dans le meilleur des mondes, mais je connaissais ces petites expressions de médecins, ça n’envisageait rien de bon. Bien sûr, il faisait son boulot pour nous rassurer et je n’avais rien contre cela mais lorsqu’il annonça que Lisa avait du être placé dans le coma, c’était un véritable choc pour moi, je savais que ce ne serait pas une bonne chose pour elle, pour Jack. J’étais bouleversé par la nouvelle. Je ne savais pas quoi ne faire, pouvait-on rien faire à ce moment précis ? Lisa était en danger, et restais là impuissant me rendait fou de rage mais je me contrôlais du mieux que je pouvais. Jack ne semblait pas comprendre mon déni et mon angoisse car il me rétorquait que Lisa était en danger, il n’avait pas besoin de le rappeler et ce qu’il m’annonçait ne faisait que m’alarmer un peu plus.

-  Je sais très bien qu’elle est en danger ! Je ne sais juste pas quoi faire, rester là sans rien faire, comment est-ce que ça a pu arrivait ! Si seulement, . . .  Ecoute, il ne faut pas t’en vouloir, ce n’est pas de ta faute, je te jures une chose c’est que l’enfoiré qui a fait ça je te le laisserais, tu pourras le déchiqueter et je t’aiderais s’il le faut, maintenant je vais rester avec vous deux, je ne compte pas rentrer dans une telle situation, Juliette est au courant.

Je réfléchissais un peu à ce qu’il m’avait dit au cas où . . . Quelle serait les conséquences pour Lisa, je n’en savais strictement rien et c’est bien ça qui m’effrayais, mais en même temps si cette solution s’avérait être l’unique possibilité, je ne sais pas, c’est quand même dangereux. Je me rendais au distributeur tout près de là et me prenait un café, je n’en proposais pas à Jack, je savais qu’il n’y aimait pas, je commençais à le connaître un peu mieux. Je me rassis à côté de lui.

-  Jack, s’il le faut, tu feras ce que tu as faire, mais on en est pas là, il faut y croire et puis ça ne sera pas la première fois qu’elle défit les lois de notre mondre.

(c) fiche par ocean lounge

”Hasard ou destin, la réponse n’est pas simple” – Joseph Kessel

”Hasard ou destin, la réponse n’est pas simple” – Joseph Kessel

J’avais passé la nuit à l’hôpital et j’étais épuisé, j’avais passé la nuit à regarder le regard de Lisa perdu dans l’infini de l’inconscient. Les médecins ne pouvaient dire quand est-ce qu’elle ira mieux ni même si elle pouvait sans sortir indemne. Cette situation me rendait dingue, après quelques semaines, je reprenais mon boulot, mais passait quand même plus de temps à l’hôpital qu’au poste de police, ce n’était pas pour l’efficacité que je faisais preuve dans mon boulot. J’avais vraiment les idées en vrac et je faisais nuits blanches sur nuits blanches , je faisais toujours le même cauchemar la nuit, je revoyais la scène comme si je la revivais chaque soir, ce coup de feu, le regard intense de Jack et la mort dans l’âme. Je me revoyais m’effondrer sur elle, et Jack qui me repoussait. Je n’en dormais plus. J’essayais de l’oublier mais chaque nouvelle enquête, chaque nouveau mort que nous trouvions, j’avais peur qu’il s’agisse du visage de Lisa, Jack aurait pu la tuer en lui faisant la morsure et ce à chaque instant. Bien que nous nous rendions à l’hôpital aux mêmes horaires, je n’étais pas tout le temps là bas malgré ce qu’il pouvait penser. Je le voyais chaque jour plus méprisant à mon égard, chaque jour plus cruel lorsqu’il me voyait, je n’allais pas me morfondre sur mon sort, je savais que j’avais ma part de responsabilité dans cette affaire mais il fallait, et cela m’avait été très difficile, tournait la page mais Jack avait déjà vécu beaucoup en tant que vampire. Il réagissait vraiment d’une manière étrange à mon égard, pourtant je me démenais chaque jour pour trouver le salaud qui avait fait ça, je m’en rapprochais de jour en jour. Enfin, une matinée ensoleillée, j’avais mis la main dessus, nous avions lancé une opération avec les forces spéciales pour le coincer, car il s’est avéré qu’en tant qu’humain aussi, il baignait dans un trafic important. J’allais prendre mon téléphone pour prévenir Jack de ma trouvaille, il allait être condamné à mort et j’allais tout faire pour mais son tableau de chasse étant tellement plein qu’il n’y avait même pas besoin que je le tire vers le fond, il l’avait très bien fait lui-même, il allait mourir, et c’est la moindre des choses après ce qu’il venait de faire. Alors que je m’apprêtais à appeler Jack, c’est un appel que je reçus de l’hôpital, il voulait débrancher Lisa, par manque de place et aussi car il n’y avait que peu d’espoir à présent. Je lâchais le téléphone qui tomba au sol, j’étais effondré après une telle nouvelle. Je pris ma voiture et fonçait sur la route, je me foutais des vitesses et gagnait les couloirs de l’hôpital quelques instants après mon départ. Je courrais dans les couloirs et prenait les escaliers que je montais quatre à quatre. Jack était déjà là, je n’eux même pas le cœur à lui dire que le criminel allait payer et être exécuté pour ses délits, je voyais juste une foule de médecins devant sa chambre. J’arrivais en pleurs devant la chambre, comme d’habitude, Jack me dévisagea alors que je restais près d’elle, alors c’est donc ainsi qu’elle allait mourir. J’essuyais mes larmes et demandais aux médecins de nous laisser quelques instants seuls. Je fermais la porte et tournaient les stores pour que personne ne voient ce qui allait se passer dans cette chambre à cet instant précis. D’un regard foudroyant, je regardais à mon tour Jack, il pouvait lire de la haine dans mon regard, qu’importe ce qu’il pensait, je voulais juste qu’il sauve ma cousine, qu’importe les conséquences, s’il restait une chance, il fallait la tentée.

– Fais ce que tu as faire, Celui qui a fait ça va être exécuté dans la prison la plus proche à ce moment même où je te parle alors sauve là !

(c) fiche par ocean lounge

”Hasard ou destin, la réponse n’est pas simple” – Joseph Kessel

Alors que je tournais en rond sans savoir quoi faire, je vis Jack arrivait avec un regard enragé vers nous. Je me sentais quelque part soulageait car il ne pouvait pas débrancher Lisa sans son accord à lui et en même temps j’étais très gêné de le voir dans un tel état, on en était arrivé à un tel mépris tous les deux et je ne savais même pas vraiment pourquoi, peut être que lui s’était pareil mais la souffrance, la peur et l’angoisse quotidienne d’apprendre le décès de Lisa avait rongé notre vie pendant un bon bout de temps à présent. Je lui proposais le dernier recourt alors que nous étions que tous les deux dans la chambre avec Lisa encore pâle et de marbre. Je ne préférais pas voir ça et me contenter de monter la garde devant la chambre, pendant que Jack faisait ce qu’il y avait à faire. Ma cousine deviendrait donc un monstre elle aussi, et son enfant, allait-t-il survivre ? Même si c’était la seul solution qui s’offrait à nous, je savais que ce n’était pas la meilleure mais je n’aurais pas pu vivre le restant de mes jours avec sa mort sur la conscience sans avoir fait le maximum. Alors qu’un silence étrange s’établit dans la pièce, je repense à tous les bons moments que j’ai passé avec elle, ses rires, nos retrouvailles, sa beauté naturelle. Les larmes coulaient le long de ma joues, je ne savais pas ce que je pouvais faire, peut être parce qu’à ce moment précis, il n’y avait rien à faire, juste attendre, les quelques minutes d’attente, le dos tourné semblait durer des heurs. Je ne voulais pas me retourner, voir Jack de nouveau, et si ça passait mal, sans doute me tuerait-il sur place. Je restais pétrifié, immobile face au petit carreau de la porte d’entrée.

Enfin, le silence se brisa, j’entendis un petit rire nerveux de Jack, je me retournais m’attendant au pire et je les vis tous les deux, se dévorant des yeux. Lisa avait rouvert les yeux, elle redécouvrait le monde qui s’offrait de nouveau à elle, comme une seconde chance, elle avait échappé de justesse à l’oubli, au néant total à la mort. Jack semblait tellement heureux à présent, il s’était excusé auprès de moi, excuser de son comportement. Mais finalement je pense que je ne lui en voulais pas, je savais même si ce n’était rien par rapport à ce qu’il peut ressentir, ce que c’était d’attendre dans le flou total, ne pas savoir et restait arbitraire du corps humain, de l’action du cerveau et tous les mystères qui satellisent le coma. Je n’arrivais pas tellement à réaliser, Lisa était de retour parmi nous. Je séchais mes larmes et lui fis un petit sourire, je vis que je gênais un peu, je pris quelques instants et sorti de la chambre laissant un petit signe à Jack, j’allais au bout du couloir et prenait des tasses de café. Je revenais alors après quelques moments, les médecins étaient passés dans la salle, il ne comprenait pas ce qui était arrivé. Mais une question me tournait dans la tête, est-ce que Jack avait finalement pris le risque où est-ce que Lisa avait repris conscience d’elle-même. Elle découvrit la présence de bouquets sur la table de chevets, un vase avec une grande quantité de roses.

– Merci Jack, je ne t’en veux pas, Lisa, quel bonheur de te revoir, je ne sais pas quoi dire, on a tout le temps pensait à toi, chaque rose par jour que tu es resté allongé comme ça, on a eu peur, tu sais, mais c’est du passé, j’ai vu les médecins, ils ne comprennent pas comment ça pu arrivait, Jack, tu . . ., enfin, . . .

(c) fiche par ocean lounge

”Hasard ou destin, la réponse n’est pas simple” – Joseph Kessel

Un médecin me fit signe, il voulait me parler, je sortis alors quelques instants encore de la chambre, je laissais ma tasse sur la table près du lit où Lisa était allongée, encore un peu dans les vapes. Le médecin m’expliqua qu’elle ne retomberai pas dans le coma, tous ces peurs, toutes ces démons qui m’hantait chaque nuit depuis qu’elle était ici, je pourrais enfin dormir sur mes deux oreilles, me faire de vraies nuits entières. Depuis qu’elle était dans cet état, je ne fermais pas l’œil de la nuit ou sinon je dormais que quelques heures par nuit préférant enquêter encore et encore, relire les preuves, les témoignages, et admirer avec une grande empathie la photo que j’avais faite avec Lisa ce jour là, elle est ravissante sur cette dernière et tellement heureuse de retrouver son cher cousin. Je remercie le médecin de m’avoir informer sur l’état de santé de ma cousine et au moment de rentrer, je vis Jack auprès de Lisa, je ne sais pas ce qu’il lui disait mais il avait l’air tellement heureux, je me contentais de les regarder derrière les stores bien fermés, je ne voulais pas les déranger, ils avaient sans doute besoin de se retrouver seuls tous les deux un moment. Je m’asseyais dans le couloir et en profitais pour donner des nouvelles à Juliette, qui la pauvre, ne voyait pas souvent son copain. En quelques sortes, je savais ce que Jack ressentait, mon couple n’allait pas spécialement bien depuis le jour où Juliette s’est retrouvé elle aussi à l’hôpital, je n’avais vraiment pas de chance et ça semblait être tout autour de moi. Elle était contente que je me soucis un peu d’elle aussi, c’est qu’elle commençait à être jalouse. Je rentrais alors dans la chambre pour dire à Lisa que je n’allais pas plus la déranger, que j’étais contente qu’elle aille mieux, je voulais revenir la voir quelques jours après. Quand je franchis la porte, Jack n’était plus là, pourtant j’étais persuadé de n’avoir vu personne sortir. Il était dans l’arbre en face et me faisais signe de me taire et de le rejoindre. Je ne comprenais pas trop ce qu’il faisait là. Je fis un sourire et laisser glisser mes doigts une dernière fois sur ceux de Lisa. Je sortais de la chambre et rejoignais l’escalier de secours qui n’était pas très loin de sa chambre. Je poussais la porte en verre et lui fis signe de venir. En peu de temps il se retrouvait face à moi.

– De quoi veux-tu me parler ? Et qu’est ce que tu faisais dans cet arbre ?

(c) fiche par ocean lounge